La cuisine infernale by Henry Kane

La cuisine infernale by Henry Kane

Auteur:Henry Kane [Kane, Henry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Google: Ie15QwAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1966-05-14T23:00:00+00:00


Chapitre XII

Là, elle le tenait, et il s’en rendit compte.

À ce moment, il devint un assassin. Il avait envie de tuer. Il avait franchi la frontière entre le bien et le mal. Il était devenu son complice. Il voulait des preuves, pourtant ; de tout son être, il réclamait des preuves, bien qu’au fond de lui-même il sût qu’elle ne lui mentait pas.

— N’empêche que tu es une sacrée menteuse, fit-il.

— Je te dis la vérité.

Il s’entêta.

— Pas Sandie.

Elle releva la tête avec dédain, en secouant sa chevelure rousse.

— Comment t’imagines-tu qu’elle vit comme elle le fait ? Avec un salaire de cent dollars par semaine ?

— Son père…

— Mon œil ! C’est Charles qui lui a acheté cet appartement. C’est Charles qui l’a installée, qui a fourni les meubles et tout. Charles lui donne trois cents dollars par semaine. Et il y ajoute de menus cadeaux, comme prime d’agrément, de temps en temps.

— Mais bon Dieu, comment le saurais-tu ?

— Par Eric.

— Et comment le saurait-il, lui ?

— Par Charles. Un avoué, c’est un confident. Eric est son avoué et s’occupe de toutes ses affaires personnelles.

— Donne-moi des preuves, fit-il en vidant son verre jusqu’à la dernière goutte.

— Donne un coup de fil à Eric.

— Des preuves pour l’argent : le testament, les legs.

— Appelle Eric.

— Eric est capable de me sortir n’importe quel mensonge ! Eric et toi, c’est pareil. Tu es sa maîtresse.

— Hein ? fit-elle d’une voix altérée. Je ne croyais pas que ça se voyait.

— Ce n’est pas que ça se voit ; je l’ai deviné.

Elle hocha la tête en souriant, alluma une cigarette et fuma un instant sans mot dire. Puis elle reprit :

— Pour les cent mille dollars du coffre, il faut me croire sur parole. Mais tu es un jeune homme avisé, n’est-ce pas, et tu connais très bien Charles. Tel que tu le connais, tu sais bien que Charles a forcément laissé un peu d’argent liquide à ma disposition, pour les cas d’urgence. N’est-ce pas ?

— Oui.

— Cet argent est à toi. C’est mon cadeau, je te le donne.

— Quelle est la combinaison du coffre ?

Il tira un crayon de sa poche, ouvrit d’une chiquenaude une pochette d’allumettes, et le crayon resta en suspens.

En un large sourire, elle découvrit ses dents blanches et fortes : il lui était acquis, elle le tenait.

Elle lui révéla la combinaison du coffre-fort. Il la nota, rangea le crayon, replia la pochette d’allumettes et la fourra dans le gousset de son pantalon.

— Merci, dit-il. Mais je ne ferai rien, absolument rien. Je ne bougerai pas le petit doigt ; je ne veux entendre parler de rien, avant d’avoir une certitude au sujet de ces legs du testament.

Le sourire de la femme s’évanouit. « Le salopard ! » songea-t-elle en tirant sur sa cigarette.

— Appelle Eric, fit-elle. C’est lui qui a rédigé le testament.

— L’objection de tout à l’heure reste valable, répliqua-t-il. Tu as pu lui faire la leçon. Eric peut très bien mentir pour te couvrir. Je ne marche pas.



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